« Le tir à l’arc n’est pas seulement une question de force, mais de finesse et de maîtrise. C’est dans le geste précis et le calme intérieur que réside la performance sportive. »
La pratique sportive est principalement structurée par la Fédération Française de Tir à l’Arc et compte environs 76.000 licenciés dont 35% de femmes et 30% de jeunes. L’univers de l’archerie en France est très varié. Les origines anciennes nous ont légué une tradition riche tant en termes d’armes que de pratiques.
Retrouvez ce guide à télécharger en PDF : Le tir à l’arc sportif v2.2
Les armes
Les armes vont des plus simples aux plus perfectionnées. Les arcs traditionnels (dit arcs droits) n’ont pas de viseur. Le tir est très dynamique et nécessite une pratique assidue pour développer une visée instinctive précise. Viennent ensuite les arcs classiques, qualifiés également de l’anglicisme « recurve » à cause de la forme recourbée de leurs branches. Ce sont les arcs que nous voyons notamment aux Jeux Olympiques. Cet arc possède un viseur ainsi que des stabilisations, permettant un temps de tir plus lent et une visée plus précise. Viennent ensuite les arcs à mécanismes. Ils possèdent deux poulies ovales aux extrémités des branches, permettant ainsi d’emmagasiner une grande quantité de puissance tout en démultipliant et facilitant l’effort. Il dispose également d’un système de visée extrêmement précis.
En plus des spécificités techniques de ces trois familles d’arc, il est aussi important de comprendre la quantité d’énergie développée pendant la phase d’armement. Plus un arc est puissant, plus la trajectoire de la flèche est droite et la sensibilité au vent réduite. L’unité de mesure est la livre. Pour se rendre compte de la force nécessaire pour bander un arc, nous pouvons diviser la mesure en livre par deux pour donner un équivalent en kilogrammes. Ainsi, un arc d’initiation de 20 livres indique que l’archer débutant doit pousser son arc vers l’avant en résistant à une pression de 10 kilogrammes tout en développant une traction identique pour déplacer la corde vers son visage. Cette traction a une amplitude et un maintien dans le temps différent selon le type d’arc et surtout la discipline pratiquée.
Les disciplines
Si elles sont aujourd’hui toutes pratiquées de manière sportive, elles ont des origines cynégétiques (chasse), guerrière ou chevaleresque. Les disciplines sportives qui en dérivent divergent selon le type de cible ou le contexte du tir. Les parcours de « tir campagne » se font sur des blasons bicolores, noir en extérieur (zone de « touché ») et jaune au cœur (zone de « tué »). Les distances de tir sont en partie connues, mais surtout variables tout au long du parcours. En « tir 3D », la cible est en mousse et possède une forme animalière. Elle comporte également une zone « touché » et une zone « tué ».
Avec des origines chevaleresques, le tir beursault également appelé « Noble jeu de l’arc » est originaire de Picardie et d’Ile de France où il est pratiqué depuis 700 ans sur un terrain spécifique nommé « jeu d’arc » ou « jardin d’arc ». Le tir beursault est une discipline régie par des règles d’honneur et de courtoisie dont la codification a trait à la bienséance tout autant qu’à la sécurité. Le cérémonial observé dans l’enceinte du jeu s’inspire de symboles dérivés de la tradition catholique, auxquels sont initiés les Chevaliers d’arc, garants du bon fonctionnement de la Compagnie d’arc. Par opposition au blason du tir campagne, la zone de « tué » est remplacée par celle des « honneurs ». La distance est fixée à 50 mètres. Les archers tirent chacun leur tour, une seule flèche, recherchant ainsi le tir parfait. Puis ils montent en cible pour décompter les points. Et ils tirent selon le même ordre dans la direction inverse où se tient une cible en miroir, le tout 40 fois. C’est donc un tir très codifié voir ritualisé.
Nous allons maintenant recentrer notre propos sur la discipline la plus pratiquée et la plus connue : le tir sur cible anglaise. Appelée Tir FITA (car codifiée par l’instance de la Fédération Internationale de Tir à l’Arc). Cette dernière a établi un standard de distances et de blasons.
Ces derniers se composent de 10 anneaux concentriques. Chacun d’eux correspond à un nombre de point allant de 1 à 10. La taille du blason change selon les distances et les armes utilisées.
Une année de tir, deux saisons
L’année est rythmée par deux saisons. En Automne / Hiver, nous tirons en salle, sur une petite distance de 18 mètres. Le blason mesure 40 cm de diamètre. La zone de réussite (10) mesure 4 centimètres en arc classique et 2 centimètres en arc à poulies. S’il n’y a pas de vent, les variations de lumière durant la journée ont un impact fort sur les organes de visées et donc les résultats en cible.
Avec l’arrivée des beaux jours, au printemps et en été, les distances s’allongent. Les arcs classiques tirent à une distance fixe de 70 mètres sur des blasons de 122 centimètres (ratio blason/distance = 1,74), avec une zone de réussite de 12,2 centimètres de diamètres. Les arcs à poulies tirent à une distance fixe de 50 mètres sur des blasons de 80 centimètres (ration/blason distance = 1,60), avec une zone de réussite de 8 centimètres de diamètres.
C’est un peu technique mais vous avez bien compris : les archers visent une zone de 8 centimètres de diamètre à 50 mètres de distance. Ce niveau de précision n’est pas accessible après quelques mois de pratique. La progression se fait par palier, d’abord par l’acquisition des bases, puis la maîtrise du réglage de son matériel et enfin par la force mentale nécessaire à la régularité.
La pédagogie
L’objectif est de projeter n fois une flèche au centre de la cible avec précision. Ce résultat est réalisable si la séquence de tir est facile à reproduire, stable et économique en énergie. La première année doit donc inculquer des bases solides tout en amenant progressivement les débutants à tirer aux distances et conditions de compétition.
Trois éléments sont primordiaux : la compréhension des bases techniques, gérer son corps et son mental comme une ressource, évaluer les résultats et obtenir de la satisfaction.
Les bases s’acquièrent par une pratique individuelle assidue et graduelle. Petit à petit, la coordination se met en place et les premiers automatismes apparaissent. La progression passe aussi par le développement d’avis critiques basés sur l’observation et l’analyse des résultats en cible. Il est ainsi important d’apprendre à décrypter les gestes qui composent la séquence de tir, avec un miroir ou mieux encore, en binôme. Si l’archer est le principal acteur de sa progression, le coach structure sa démarche, tant par les explications que par les exercices pédagogiques qu’il organise.
Le coach sensibilise aussi l’archer à considérer son corps et son mental comme des ressources. Elles ne sont pas inépuisables et doivent être gérées pour tenir l’objectif. Nous avons développé le concept de « l’énergie coût zéro ». Il consiste à organiser les étapes de la séquence de tir de manière à fixer la position de tir avant la séquence d’armement. Ainsi, l’archer n’a pas à corriger sa position en cours d’armement ou de visée ; cela induirait une perte de temps et surtout d’énergie au détriment d’une visée plus fine et posée. Des gestes parasites induisent une dégradation de la performance, ce qui produit une érosion de la ressource mentale.
La ressource mentale, quant à elle, se construit en capital et en résilience. Le capital est la capacité de l’archer à être mentalement fort au moment de la compétition. La résilience est l’adaptabilité de l’archer à gérer la contre-performance, l’incident de tir ou l’imprévu, mais aussi le rapport de force qui s’établit entre deux adversaires au moment des duels.
Concernant les archers débutants, le coach veille à travailler selon deux axes. La motivation et la discipline. Sur le long terme, cette dernière reste cella qui produit les meilleurs résultats.
Mais la motivation est directement corrélée à la capacité de l’archer à prendre plaisir dans la pratique de son tir. Si à mesure que l’archer progresse, nous augmentons la difficulté pour le mettre en situation de réussir à tirer à la distance officielle minium de 18 mètres. Toute la difficulté pour le coach réside dans l’équilibre difficulté de l’apprentissage et maintien de motivation par la réussite.
La progression
La première année de pratique est structurante dans la vie d’un archer. Quelle que soit l’arme et la discipline choisie, l’apprentissage des bases se fait avec un arc classique. La première année est dédiée à la structuration de la séquence d’armement et la libération dynamique de la flèche. Un bilan technique est réalisé en 8 points avec les axes de progression. Un programme de perfectionnement individualisé est définit avec le coach.
La première année est aussi importante pour l’acquisition des règles de sécurité, des usages et autres codes de nos pratiques. La progression est directement dépendante du volume d’entrainement et de la bonne adéquation de l’arc avec ses flèches et l’archer.
Si la technique et le matériel sont les principaux leviers de performance au cours des premiers mois, la condition physique et mentale font rapidement la différence, surtout en compétition.
Ainsi, au cours de la première année, l’archer est en capacité de passer des épreuves qui sanctionnent sa progression. Que ce soit au titre de la pratique Loisir ou Compétition, la progression est évaluée successivement sous forme de tirs comptés sur cible. C’est ce que nous appelons les “passages de flèches”. Ces tirs comptés sont d’une difficulté croissante à mesure de la progression de l’archer. Si le critère de réussite est toujours d’obtenir 280 point sur 360 (donc 36 flèches pouvant marquer jusqu’à dix points chacune), c’est la distance qui s’allonge avec le temps.
Nous commençons avec la flèche blanche, à 10 mètres, puis la noire à 15m, la bleue à 20m, la rouge à 25m et la jaune à 30 mètres. Viennent ensuite les flèches de bronze à 40 mètres, puis argent à 60m et or à 70 mètres pour les arcs classiques. Ces épreuves sont organisées par les clubs et validées par le Président de la structure.
Les compétitions
Elles sont organisées par les clubs et ouvertes à tous les archers de la Fédération. Le corps arbitral veille au respect du règlement fédéral. Les compétitions en intérieur se tirent par volées de 3 flèches en 90 secondes. Il y en a 20 au total, soit un maximum de 600 points. En extérieur, les archers tirent des volées 6 flèches en 180 secondes. Il y a 12 volées soit 720 points au maximum.
Le temps est un élément structurant de la compétition. Les pas de tir comportent un affichage lumineux et sonore, avec un compte à rebours indiquant le temps restant avant la fin de la volée. Au premier signal sonore, les archers sont invités à monter jusqu’à la ligne de tir. 10 secondes après, ils peuvent encocher leur première flèche et tirer leur volée. Les témoins lumineux changent de couleur en fonction du temps restant. De vert à orange lorsqu’il reste moins de 30 secondes. De orange à rouge lorsqu’il reste moins de 10 secondes. Une flèche qui part après les 180 secondes ne compte aucun point.
A la fin de chaque volée, les archers montent en cible pour compter les points. La performance de chaque archer est enregistrée et reporté sur une feuille de marque.
Elle permet un classement par catégorie d’arme, de genre et d’âge au cours de la compétition.
Les compétitions peuvent inclure des duels, en particulier au cours des compétitions départementales, régionales et nationales. Les archers commencent par une phase de qualification. Les x premiers sont sélectionnés pour s’affronter en duel. Le 1er rencontre le dernier, le second rencontre d’avant dernier …. Les matchs s’enchainent jusqu’aux demi-finales et finale.
Les classements nationaux
Ces derniers se basent sur les points réalisés en qualification. Les résultats des duels n’ont pas d’impact. Ils servent juste à définir le vainqueur de la compétition. Les scores ainsi obtenus en compétitions remontent au niveau fédéral. Le classement se fait en fonction de la moyenne des trois meilleures compétitions. Les classements sont disponibles sur le site de la fédération :
https://www.ffta.fr/vie-sportive/resultats/classements-nationaux